samedi 19 février 2011

Interview : Yelle, la pop ambitieuse

On vous retrouve avec ce nouvel album, Safari Disco Club. Une nouvelle aventure à la suite d’un premier opus phénomène ? Le premier, ça y est. On a eu le temps de le digérer après avoir tourné trois ans avec. On a pris quelques mois de pause mais on a eu très vite l’envie de se lancer dans de nouveaux morceaux. On avait déjà commencé à composer, mais c’est vrai que ce succès sur scène, surtout, a été tellement inattendu qu’on s’est retrouvés à ajouter date après date. Ce n’est que fin septembre 2009 qu’on a vraiment commencé ce nouvel album.

Les envies pour ce nouveau disque étaient claires dès le début ?
Non (rires) ! On avait quelques thèmes, quelques envies de mélodie mais ce n’était pas encore très précis. On voulait un bon successeur pour Pop up, sans pour autant refaire la même chose. On voulait varier les ambiances. Après coup, on constate qu’on a fait quelque chose de très dansant mais qu’il y a aussi une teinte de mélancolie. C’est dû au fait qu’on a eu trois années folles et qu’ensuite quand tu rentres chez toi, ce n’est pas facile. Maintenant, ça reste un disque très positif car quand on fait de la musique, on n’est pas là pour chouiner ! Mais il reste pas mal de double sens dans les titres…

Vous semblez avoir réussi à relever le défi d’une pop qui reste sérieuse…
Il y a c’est vrai plus de maturité cette fois-ci, parce qu’on a pris de l’âge. Mais ce n’est pas quelque chose de calculé, on utilise naturellement cette espèce d’ironie qu’on retrouve dans nos chansons. Nous ne sommes pas du tout attachés à une coutume de la chanson française, nous ne sommes pas des auteurs dans l’âme. Nos références sont purement liées à ce qu’une chanson dégage, sous l’influence musicale anglophone de ce qu’on écoute le plus souvent. S’exprimer en français en revanche est naturel pour nous car c’est notre langue maternelle, mais on ne peut pas pour autant s’identifier à une scène française. On garde quand même une façon de faire qu’il y avait dans les années 80 avec cette apparente naïveté, où en même temps tu trouves des choses très profondes.

Cela explique sans doute aussi votre succès à l’étranger, puisque vous êtes un des rares groupes français à être connus en Amérique du Nord, tout en chantant dans votre langue maternelle.
Je pense que c’est l’énergie qu’on dégage qui leur plaît, ainsi que notre originalité. On est arrivé à un moment où ce qu’on faisait n’existait pas vraiment et ça a payé. Il n’y avait pas de recette et les Américains ont adhéré à un artiste et une musique spontanés et sincères. Je pense que ça a été le moteur de l’adhésion, qu’ils apprécient ce qu’on dégage sur scène. Et puis le bouche à oreille a très bien fonctionné.

Ce succès international a-t-il influencé la réalisation de ce nouvel album ?
On a surtout pensé à ce que ça allait donner en live, que ça reste dansant et énergique. On n’a pas tenté de refaire plus ou moins la même chose parce que ça marchait bien à l’étranger. Ce serait une erreur de chercher les raisons du succès et de commencer à calculer. On n’a pas la même image aux Etats-Unis qu’en France d’ailleurs, car ici on est plus vu comme un groupe un peu décalé. Il y a eu la collaboration avec Michael Youn qui a donné un gros coup de projecteur sur le groupe aussi. Tout ça nous permet de garder une certaine liberté, on fait un peu ce qu’on veut. Parle à ma main, on a beau dire ce qu’on veut, le morceau est super bien réalisé. Pour nous, en France, c’est plus flou car le public n’arrive pas forcément à nous cerner. Là, on aime ce qu’on a fait sur cet album donc on n’a pas de pression. Que les gens adhèrent ou pas, ce n’est plus de notre ressort de toute manière. On a mis tout notre cœur dedans.

Vous allez assurer la première partie de Katy Perry lors de sa tournée en Grande-Bretagne. Est-ce quelque chose d’important pour vous ? Et où pourra-t-on vous retrouver ensuite ?
Depuis le début, Katy nous suit et je sais qu’elle nous apprécie. On l’a rencontrée aux Etats-Unis il y a un an, on a quelque chose en commun. En plus, l’Angleterre est pour nous encore un peu mystérieux… Si ça se trouve on va se prendre des fish and chips sur la tête tous les soirs (rires) ! Après cette tournée-là, on partira de toute manière sur notre propre tournée aux Etats-Unis avec 28 concerts sur 35 jours. En France, on n’a pas encore un planning précis, excepté pour les festivals cet été. Cet automne, on va tourner en Amérique Latine. Ensuite, on verra selon les demandes, parce que c’est là que ça se joue !

Qu’espérez-vous pour cet album dans les mois à venir ?
Déjà de terminer la tournée en bonne santé (rires) ! Qu’on continue d’être surpris de l’accueil du public, ça permet de ne pas s’ennuyer dans la vie, de casser la routine. Quand on fait soir après soir les mêmes titres, c’est bien d’être continuellement surpris par les réactions des gens. On espère surtout pour cet album que les gens vont prendre le temps de l’écouter, et de l’écouter encore. Qu’ils lui donnent sa chance, qu’ils ne zappent pas trop vite et qu’ils aillent chercher un peu plus loin. Il y a de la profondeur à gratter sur ce disque.