lundi 5 mai 2008

Entrevue avec Yelle

Yelle? Mais oui, Yelle, celle-là qu'on entend chanter le vieux succès de Lio, À cause des garçons, dans une pub de téléphonie cellulaire sur nos ondes télévisuelles! «C'est vrai, ça tourne à la télé chez vous? Tu me l'apprends!» Elle est un peu comme ça, la vie de Julie Budet. Imprévisible, pleine de surprises. Son premier album, Pop-Up, lancé par un major cet automne (EMI, via Source), apparaît juste après que les médias français se soient entichés d'un nouveau phénomène: la tecktonik - TCK pour les intimes -, une marque de commerce déposée par un populaire after hour de la région parisienne (Metropolis) devenue une danse, puis un look. Et voilà Yelle associée, un peu malgré elle, à cette fulgurante mode.

«C'est marrant, durant les concerts, il y a toujours dans la foule quelques danseurs tecktonik. Ces gens-là ont accroché sur un remix d'À cause des garçons, qui tournait pas mal dans les boîtes. Ensuite, ils ont découvert le reste de mon univers, mais c'est vrai que c'est différent de la musique sur laquelle ils aiment danser. Au départ, l'album n'était pas vraiment fait pour ce public-là» «Le titre «chanteuse tecktonik» ne me convient pas vraiment - on a joué le jeu un moment, c'était amusant, mais je crois que c'est un peu réducteur ou, en tout cas, ça me met dans une cage que je ne voulais pas.»

Mais Yelle n'en est pas à sa première surprise. Sa toute jeune carrière a d'ailleurs débuté sur un drôle de concours de circonstances: l'émergence de MySpace, et du groupe TTC. Sa première maquette déposée sur la plate-forme de réseautage social s'intitule Short Dick Cuizi (renommée Je veux te voir sur l'album), une vanne envoyée au rappeur Cuizinier de TTC, alors sur toutes les lèvres grâce à son mixtape. «Sur le moment, lorsque Cuizinier et Teki (son cousin, membre de TTC, nommé dans la chanson) ont entendu le morceau, ils s'en sont balancés. Mais lorsque la chanson a eu un succès sur Internet, ça les a agacés. Mais il y a pas une volonté de blesser qui que ce soit, il faut le prendre au second degré. Je l'ai écrit parce que j'aimais l'idée qu'une fille réponde à Cuizinier sur le même ton que lui». La farce a duré assez longtemps pour que Yelle, secondée par ses habiles producteurs Grand Marnier et TEPR (qui l'accompagnent en tournée), décroche un contrat de disque avec la maison Source. Une dizaine de titres électropop accrocheurs à souhait, reprise de la lolita électro pop originale en prime.

Ce qui fait de Yelle une sorte de Lio aux prétentions vaguement féministes: «Ce n'était pas prévu, assure la chanteuse de 25 ans. Même si je ne me sens pas revendicatrice au point d'en faire un combat, j'ai envie d'aborder ce genre de sujets» qui la dépeignent comme une jeune femme indépendante, pleine d'humour et de cynisme, notamment envers les hommes. Preuve à l'appui, ce duo avec le groupe rap parodique Fatal Bazooka intitulé Parle à ma main, un des tubes de 2007 en France. Avec l'assurance d'une jeune vedette en pleine possession de ses moyens, Yelle part à la conquête de l'Amérique. Présentement au Danemark, sa tournée la mènera sur la côte Ouest (avec escale à San Francisco), Chicago, Toronto, Montréal, puis New York. «J'avais en tête un espèce de petit parcours classique: faire une maquette, approcher des labels, éventuellement monter un concert. Je ne m'étais jamais imaginé que ça puisse prendre cette tournure-là, complètement inattendue!»

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